Le Chêne un jour dit au Roseau :
Vous avez bien sujet d’accuser la Nature ;
Un Roitelet pour vous est un pesant fardeau.
Le moindre vent, qui d’aventure
Fait rider la face de l’eau,
Vous oblige à baisser la tête :
Cependant que mon front, au Caucase pareil,
Non content d’arrêter les rayons du soleil,
Brave l’effort de la tempête.
Tout vous est Aquilon, tout me semble Zéphyr.
Encor si vous naissiez à l’abri du feuillage
Dont je couvre le voisinage,
Vous n’auriez pas tant à souffrir :
Je vous défendrais de l’orage ;
Mais vous naissez le plus souvent
Sur les humides bords des Royaumes du vent.
La nature envers vous me semble bien injuste.

Votre compassion”, lui répondit l’Arbuste,
Part d’un bon naturel ; mais quittez ce souci.
Les vents me sont moins qu’à vous redoutables.
Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusqu’ici
Contre leurs coups épouvantables
Résisté sans courber le dos ;
Mais attendons la fin.

Comme il disait ces mots,
Du bout de l’horizon accourt avec furie
Le plus terrible des enfants
Que le Nord eût portés jusque-là dans ses flancs.
L’Arbre tient bon ; le Roseau plie.
Le vent redouble ses efforts,
Et fait si bien qu’il déracine
Celui de qui la tête au Ciel était voisine
Et dont les pieds touchaient à l’Empire des Morts.
Jean de La Fontaine

Une belle illustration du “Lâcher prise

Lâcher prise, c’est comme regarder un coucher de soleil en ressentant simplement ce que cela éveille en nous.
Se placer en observateur sans commentaires intérieurs ni analyses.
Se laisser totalement envahir par l’image qui vient à nous.
Accueillir l’émotion ou la sensation sans faire intervenir le mental.
Laisser cela être et l’accueillir en silence.
Ressentir sans nourrir de pensées, laisser les pensées s’envoler d’elles mêmes sans essayer de les chasser.

Lâcher prise, c’est comme ce merveilleux instant lorsqu’on arrive dans la chambre d’hôtel pour les vacances et que l’on pose enfin les valises.
On goûte simplement la joie de l’instant et on est totalement disponible à la nouveauté et à la découverte.
Alors posons à chaque instant nos valises que l’on porte depuis si longtemps et apprécions cet instant.
Si on a des choses à régler, prenons un moment pour réfléchir à la meilleure façon d’agir et passons à l’action lorsque le moment est venu.
La vie se charge de nous mettre en situation lorsque le moment opportun d’agir se présente. En dehors du moment de la réflexion et de l’action laissons cela de côté et n’y pensons plus. Sinon, on ne fait qu’entretenir et nourrir une activité mentale qui nous éloigne du moment présent et cela peut créer en nous un climat d’anxiété, de nervosité ou d’impatience.

Lâcher prise c’est permettre à tout ce qui est présent à l’instant, d’être là, sans résistance aucune.
C’est accepter la réalité de l’instant présent en état intérieur de non-résistance.
C’est aller avec le mouvement de la vie, comme dans certains arts martiaux où l’on utilise la force de l’autre pour ne pas se laisser déstabiliser.
Cela n’empêche en aucun cas d’entreprendre une action lorsque cela s’avère nécessaire.
Simplement cette action ne sera pas menée en réaction à quelque chose ou à quelqu’un et sera dénuée de toute négativité.
A travers le lâcher prise, la paix intérieure émerge du plus profond de nous même, rayonne à travers nous et c’est tout notre environnement qui entre en résonance avec cette paix.

Lâcher prise face à la souffrance

Tout ce que fait l’être humain est fait dans le but d’être heureux.
Directement ou indirectement.

Même si votre travail ne vous plaît pas, vous le faites dans le but de gagner de l’argent et ainsi pouvoir entre autre vous payer des choses qui vous font plaisir.
L’humain recherche par tous les moyens le bonheur et tente par tous les moyens d’échapper à la souffrance.

C’est bien normal, qui aime souffrir ?
A part ceux qui y trouvent du plaisir et dans ce cas ils ressentent le bonheur dans cette souffrance.
C’est pour cette raison que c’est très difficile d’accepter la souffrance. Même si vous cherchez à la fuir ou à l’étouffer, vous n’y arrivez pas, elle est toujours présente même si vous la masquez. Si vous souhaitez la dépasser, il vous faut y faire face en acceptant de la ressentir.

Ressentez-la et observez ce que vous ressentez sans analyser, sans vous laisser entrainer par le mental vers les circonstances qui ont déclenché cette souffrance.
Si des pensées viennent, laissez-les être là sans les nourrir, sans vous attacher à elles et reportez votre attention sur le corps. Restez présent à tout ce que vous ressentez.
Le fait d’observer, va vous permettre d’être détaché.
Lorsqu’on est observateur, il se crée automatiquement une distance entre l’observateur et le sujet observé (la souffrance). On n’est plus à ce moment là identifié à cette souffrance et on perçoit cela comme une création que l’on crée soi-même à chaque instant et que l’on maintient en vie par l’énergie qu’on lui insuffle au moyen de la pensée.
Autorisez-vous maintenant à lâcher prise, ne la nourrissez plus de vos pensées, ne lui insuffler plus d’énergie, laissez cela se dissoudre en étant simplement une présence témoin.
L’obscurité ne résiste pas longtemps à la lumière de la présence.

Le temps présent

Ce qu’il convient également d’accepter lorsque l’on souffre, c’est la réalité de l’instant présent.

Pourquoi est-ce que l’on souffre la plupart du temps ?
Parce que la réalité de ce que l’on vit a changé et qu’on a du mal à accepter cette réalité, on s’accroche au passé et aux souvenirs.
Ou alors notre réalité ne change pas et on voudrait tellement que cela change en se projetant dans le futur.

Accepter la réalité, c’est accepter les changements qui se sont produits ou pas dans notre vie et ensuite regarder si l’on peut améliorer la situation.
Lâcher prise c’est accepter la réalité de l’instant présent afin d’être et d’agir sans le poids du passé et du futur.
A ce moment là, la vie coule librement à travers nous pour permettre d’exprimer au mieux notre véritable nature.

Ce que vous venez de lire, est une étape importante dans la méditation... laisser les pensées venir, les identifier comme simples pensées, les accepter comme étant des pensées, c’est tout.

Accepter est le premier pas vers le lâcher prise.