Encyclopédie Atypique Incomplète
Incomplète, car toujours en construction au gré des jours, avec sérieux, curiosité et humour.
Atypique, car toujours dans l'esprit de la connaissance par l'observation et la pratique.
Incomplète, car toujours en construction au gré des jours, avec sérieux, curiosité et humour.
Atypique, car toujours dans l'esprit de la connaissance par l'observation et la pratique.
vendredi 26 novembre 2010
De Baudelaire à Verlaine, de Toulouse-Lautrec à Modigliani, de nombreux écrivains, poètes et peintres recherchèrent l’inspiration dans “ la fée verte ” comme l’a surnommée l’écrivain Irlandais Oscar Wilde.
“Salut, verte liqueur, Némésis de l’orgie !
Bien souvent, en passant sur ma lèvre rougie,
Tu m’as donné l’ivresse et l’oubli de mes maux ;
J’ai vu plus d’un géant pâlir sous ton étreinte !
Salut, sœur de la Mort ! Apportez de l’absinthe ;
Qu’on la verse à grands flots !
Il est temps à la fin que je te remercie :
Celui qui ne sait pas toute la poésie
Qu’un flacon de cristal peut porter en son flanc,
Celui-là n’a jamais près d’une table ronde,
Vu d’un œil égaré les globes et le monde
Valser en grimaçant.
Il ne soutiendra pas sans que son cœur défaille
Qu’il n’est pas sur la terre une chose qui vaille
De l’ivrogne absinthé le sommeil radieux,
Qui peut, quand il lui plaît, durant son rêve étrange,
Quittant le corps humain, sentir des ailes d’ange
L’emporter dans les cieux.
Moi, je t’aime ! Aux mortels ta force est plus funeste
Que la foudre, le feu, la mitraille, la peste,
Et je te vis souvent terrasser le soldat,
Insoucieux de tout, contentant son envie,
Quoique sachant trop bien qu’il te donne sa vie
Qu’épargna le combat.
J’aime ta forte odeur et ton flot d’un vert sombre
Qui laisse s’élancer, au milieu de son ombre
Des feux couleur de sang tout le long du cristal,
Comme si le Seigneur, en signe de prudence,
Avait voulu mêler à ton vert d’espérance
Quelque signe fatal.
Belle comme la mer, comme ses flots cruelle,
Tu peux quand tu le veux aussi, cacher comme elle,
Sous un calme apparent tes instincts irrités,
Et ton flux fait tourner un océan de têtes,
Qui battent en riant, les soirs des jours de fêtes,
Les portes des cités.
Pour moi, qui ne veux pas atteindre la vieillesse,
Je veux contre ta force essayer ma faiblesse,
Combattre contre toi, t’étreindre corps à corps.
Je veux voir, aujourd’hui, dans un duel terrible,
Si tu peux soutenir ton titre d’invincible :
Notre témoin sera la mort !”
— Alfred de Musset
Le premier nom donné à cette liqueur fut celui d’Elixir d’absinthe.
C’était une préparation pharmaceutique employée contre les embarras gastriques. D’après un livre ancien, l’invention de l’extrait d’absinthe serait due au médecin Pierre Ordinaire né en 1741 à Quingey dans le Doubs.
A la révolution, il fuit la France et s’établit à Couvet en Suisse où il continue à exercer sa profession de médecin et celle de pharmacien. Il parcourt la région et vend sa liqueur d’absinthe.
A sa mort, il confie son secret à sa servante qui la vend aux filles du lieutenant Henriod. Henriette Henriod fabrique la liqueur d’absinthe à partir de plantes cultivées dans son jardin, d’abord par infusion, puis par distillation.
Daniel-Henri Dubied, commerçant, rachète la recette à Henriette Henriod. Avec Henri-louis Pernod, bouilleur de cru, ils créent la première distillerie industrielle d’absinthe en 1789, puis Henri-louis Pernod ouvre sa propre distillerie à Couvet.
Les taxes étaient trop élevées, Henri-Louis Pernod fonde une seconde distillerie d’absinthe à Pontarlier.
Dans la région, on commence à consommer l’absinthe pour des raisons qui ne sont pas uniquement médicales. L’absinthe reste une boisson régionale jusqu’à la conquête de l’Algérie en 1830. Les soldats et les colons consomment beaucoup d’absinthe pour se protéger et lutter contre la dysenterie, à leur retour en France ils font découvrir « la fée verte » à toutes les régions.
D’abord réservée à la bourgeoisie en raison de son prix, elle se démocratise très vite et gagne tous les milieux sociaux. Les affiches fleurissent partout, les artistes et les poètes en font leur muse. L’absinthe devient un art de vivre avec son cérémonial.
Chaque Français en consomme en moyenne deux litres par an. Les distilleries se multiplient à Pontarlier, Fougerolles, Paris, Bordeaux, Marseille...
Des milliers de personnes y travaillent, des régions se couvrent de culture d’absinthe...
La production de l’usine Pernod passe de 30 litres par jour à 450 litres en 1855, à 1 000 litres en 1886 et à 25 000 litres en 1900. En France, 100 000 hectolitres sont produits chaque année dont 70 000 rien qu’à Pontarlier.
En 1874, la France consomma 700 000 litres d’absinthe, mais en 1910, ce chiffre atteignit 36 000 000 de litres d’absinthe !
L’absinthe faisait partie de la quintessence de la société de la Belle Époque en France.
Pernod Fils, et certains de ses plus grands concurrents, comme Berger et Edouard Pernod, exportaient vers les quatre vents. Les colonies françaises, et surtout l’Algérie, le Vietnam, Madagascar et Tahiti, étaient des marchés importants, tout comme les pays d’Amérique du Sud comme l’Argentine et le Chili.
Évidemment, l’absinthe fit son petit bonhomme de chemin dans le petit Paris qu’était la Nouvelle Orléans, particulièrement dans des cocktails comme l’ « Absinthe Frappée ». La « Old Absinthe House », avec sa fontaine en marbre vert patiné, y est une des attractions touristiques les plus fameuses. Aleister Crowley, l’écrivain mystique et magicien occulte, en 1916, écrivit son tract "Absinthe - the Green Goddess", dans cet établissement en attendant une amie.
Mais l’absinthe va mourir de son succès : les distilleries ne peuvent satisfaire à toutes les demandes de la clientèle, alors des concurrents peu scrupuleux élaborèrent un produit similaire préparé à froid, sans distillation, en se contentant de mélanger plusieurs essences à des quantités plus ou moins importantes d’alcool frelaté.
L’absinthe va être accusée de rendre fou, on va alors vers son interdiction...
L’absinthe (Artemisia absinthium L.) aussi nommée grande absinthe en opposition avec la petite absinthe (Artemisia Pontica) est une plante de la famille des Astéracées.
En grec, “absinthos” veut dire repoussant, une allusion directe au goût amer de la plante.
Autres noms communs donnés à cette plante : absin, aluyne, aloïne, armoise, herbe sainte, herbe aux vers, menu alvine.
Plante vivace, herbacée, pouvant mesurer de 0,4 mètre jusqu’à 1 mètre, elle est recouverte de poils soyeux blancs argentés et de nombreuses glandes oléifères. La tige est de couleur vert argent, droite, cannelée, ramifiée et très feuillée.
Les feuilles sont alternes, gris verdâtre sur le dessus et presque blanches et soyeuses sur le dessous. Les feuilles basiliaires mesurent jusqu’à 25 centimètres de long et sont longuement pétiolées. Les feuilles caulinaires sont brièvement pétiolées, moins divisées. Les feuilles au sommet peuvent même être simples et sessiles (sans pétiole).
La floraison a lieu de juillet à septembre. Les fleurs sont jaunes, tubulaires, réunies en capitules (Composée) globuleux, penchés, à leur tour réunis en panicules feuillés et ramifiés.
La plante possède un rhizome dur.
Originaire des régions continentales à climat tempéré d’Europe, d’Asie et d’Afrique du Nord. Naturalisée par ailleurs. Elle y pousse sur les terrains incultes et arides jusqu’à une altitude de 2000 mètres, sur les pentes rocheuses, au bord des chemins et des champs.
Peut facilement être cultivée dans un terrain sec et pauvre. À mettre en exposition chaude sur sols fertiles, et semi-lourds. Elle préfère les sols calcaires et riches en azote. Se reproduit par éclat des vieux pieds à l’automne ou au printemps, éventuellement par semis en mars avril.
L’absinthe se récolte deux fois : fin juillet et fin septembre, lorsque la petite fleur jaune et globuleuse commence à pointer. Les meilleures parties de la plante sont les feuilles et les fleurs, les tiges sont le plus souvent laissées de coté.
Depuis la Haute Antiquité, l’absinthe a été considérée comme une plante ayant les vertus thérapeutiques les plus précieuses :
Le nom chimique du composant principal dans l’essence de grande absinthe est la thuyone (C10H16O4) [1], un terpène proche du menthol connu pour ses vertus thérapeutiques et restauratrices.
Dans sa forme chimique pure, c’est un liquide incolore avec un arôme similaire au menthol.
C’est en 1900 que le chimiste allemand Friedrich Semmler découvrit la structure de la thuyone. C’est un mélange de 1-alpha-thuyone et de béta-thuyone ou ténacétone. L’essence contient aussi de 15 à 25 % de thuyol, du pinène, du phellandrène, du cadinène, et un azulène qui donne à la plante une coloration bleutée.
L’essence de grande absinthe, obtenue par distillation, contient aux alentours de 60% de thuyone (moins si l’on n’utilise que les sommités fleuries sans tiges).
La thuyone est une substance naturelle trouvée dans bien des plantes, dont bien sûr le thuya et d’autres herbes aromatiques comme la taniasie et la sauge.
A part l’absinthe, d’autres liqueurs populaires, comme le vermouth, la chartreuse et la Bénédictine, contiennent aussi des traces de thuyone. Le vermouth, d’ailleurs, doit son nom à l’utilisation qu’on faisait initialement de fleurs de grande absinthe, « Wermut » en allemand.
Les études contemporaines pour déterminer les effets de la thuyone, qui est un excitant, sur le comportement, montrent qu’il faudrait ingérer plusieurs litres d’absinthe pour parvenir à une dose toxique de thuyone.
Les effets seraient alors bien sûr masqués par les effets toxiques de l’alcool seul, ainsi que du méthanol, neurotoxique.
Il est également probable que les effets ressentis par certaines personnes soient dus à d’autres composants que la thuyone seule, comme le fenchone provenant du fenouil.
La France limite la fenchone (principale molécule de l’huile essentielle du fenouil) dont le taux ne doit pas dépasser 5 mg/l, tandis que le taux de fenchone n’est pas limité en Suisse.
Les six plantes de base d’une absinthe sont :
Selon les recettes, d’autres plantes peuvent compléter la recette comme l’angélique, la coriandre, la véronique, le calamus, la menthe, la badiane, ...
Soit dans le processus de macération (avant distillation), soit dans le processus de coloration (après distillation).
Voici la recette d’un fabricant d’alambics à Môtiers, au Val-de-Travers en Suisse, aujourd’hui décédé :
L’absinthe ne se prépare pas comme tout apéritif classique, elle exige un rituel impliquant patience et savoir-faire, ainsi que de nombreux accessoires spécifiques nécessaire à son élaboration.
Le succès de l’absinthe est aussi dû aux rites qui accompagnent sa préparation avant sa dégustation...
La manière de préparer l’absinthe joue un rôle capital dans son goût final en permettant aux arômes de plantes de se libérer et de prendre de l’ampleur face aux autres arômes.
Durant ce processus, les ingrédients non solubles [2] dans l’eau (principalement ceux de l’anis vert ou étoilé, ainsi que le fenouil) forment des émulsions ; ce qui trouble l’absinthe.
Avec l’accroissement de la popularité de la boisson au XIXe siècle, l’usage de la fontaine à absinthe se répandit.
Cette fontaine particulière permet de verser l’eau au goutte à goutte sans avoir à le faire à la carafe, ainsi que de servir un grand nombre de verres à la fois.
Traditionnellement, le sucre ne se brûle pas.
Aujourd’hui, certaines absinthes (et fausses absinthes) sont souvent promues en utilisant le rituel soi-disant « Bohémien » [3].
Ce rituel n’est pas une méthode traditionnelle, mais une innovation moderne inspirée par le flambage de la sambuca et d’autres boissons.
Une mesure d’absinthe est versée dans un verre, et un morceau de sucre est imbibé d’absinthe. Le sucre est alors enflammé et on le
laisse brûler jusqu’à ce qu’il mousse et se caramélise. La cuillère avec le sucre caramélisé est alors plongée dans l’absinthe, ce qui
souvent l’enflamme. De l’eau glacée est ensuite utilisée pour éteindre le tout.
Cette méthode est devenue très populaire, certainement depuis son apparition dans plusieurs films comme « Moulin Rouge ».
Néanmoins, historiquement, c’est une hérésie qui aurait horripilé n’importe quel amateur d’absinthe de la Belle Époque !
L’une des descriptions les plus évocatrices du rituel de l’absinthe se trouve dans « Le temps des secrets » de Marcel Pagnol :
“L’oeil du poète brilla tout à coup. Alors, dans un profond silence, commença une sorte de cérémonie. Il installa devant lui un verre, qui
était fort grand, après en avoir vérifié la propreté. Il prit ensuite la bouteille, la déboucha, la flaira, et versa un liquide ambré à reflets
verts, dont il parut mesurer la dose avec une attention soupçonneuse, car, après examen, et réflexion, il en ajouta quelques gouttes.
Il prit alors sur le plateau une sorte de petite pelle en argent, qui était étroite et longue, et percée de découpures en forme d’arabesques.
Il posa cet appareil, comme un pont, sur les bords du verre, et le chargea, de deux morceaux de sucre.
Une main posée sur la hanche au bout de son bras gracieusement arrondi, l’Infante souleva la cruche assez haut, puis, avec une
adresse infaillible, elle fit tomber un très mince filet d’eau fraîche - qui sortait du bec de la volaille - sur les morceaux de sucre, qui
commencèrent à se désagréger lentement.
Le poète, dont le menton touchait presque la table, entre ses deux mains posées à plat, surveillait de très près cette opération.
L’Infante verseuse était aussi immobile qu’une fontaine, et Isabelle ne respirait plus. Dans le liquide, dont le niveau montait lentement, je vis se former une sorte de brume laiteuse, en torsades tournantes qui finirent par se rejoindre, tandis qu’une odeur pénétrante d’anis, rafraîchissait délicieusement mes narines.”
Cette fée verte connut un vif succès au XIXe siècle, mais elle fut accusée de provoquer de graves intoxications (car contenant entre autres du méthanol, un alcool neurotoxique), décrites notamment par Émile Zola dans L’Assommoir et ayant sans doute provoqué la folie de certains artistes de l’époque (Baudelaire, Van Gogh,...). Elle est également connue pour son effet abortif.
Dès 1875, les ligues antialcooliques, les syndicats, l’Église catholique, les médecins, la presse, se mobilisent contre « l’absinthe qui rend fou ». En 1906, la ligue nationale française antialcoolique recueille 400 000 signatures dans une pétition. En 1907, une grande manifestation a lieu à Paris rassemblant les viticulteurs et les ligues anti-alcooliques. Leur mot d’ordre : « Tous pour le vin, contre l’absinthe ! ».
En 1908, le groupe antialcoolique qui s’est constitué au Sénat veut faire voter trois mesures :
Ceci conduisit à son interdiction dans de nombreux pays, en Suisse le 7 octobre 1910 et en France à partir du 16 mars 1915, car les ligues de vertus disaient d’elle « qu’elle rend fou et criminel, fait de l’homme une bête, et menace l’avenir de notre temps ».
En réalité, il est clairement dit dans le projet d’interdiction de l’absinthe en France que la boisson est interdite pour lutter contre l’alcoolisme.
En voici un extrait : « À diverses reprises, l’Académie de médecine a signalé le grand intérêt que présente, au point de vue de la santé publique et de l’avenir même de la race, l’organisation en France d’une lutte active contre l’alcoolisme. De son côté, l’Académie des sciences a, au cours d’une de ses récentes séances, apporté à ces vues l’appui de sa haute autorité en émettant un vœu pressant en faveur de l’adoption prochaine de diverses mesures propres à enrayer le fléau. Il a paru au gouvernement que le moment était venu d’entrer résolument dans la voie qui lui était ainsi tracée et qu’il convenait notamment de réaliser, dès à présent, une des mesures qui de tout temps ont été considérées, à juste titre, comme pouvant le plus aisément contribuer pour une large part à la restriction du mal : mettre un terme à toute consommation de l’absinthe et des liqueurs similaires. »
Après l’interdiction, les anciennes marques d’absinthes se reconvertissent dans des anisés sans sucre qui se préparent comme l’absinthe.
En 1932, Paul Ricard invente le Pastis qui est le premier anisé à connaître un succès presque équivalent à celui de l’absinthe.
Le 2 novembre 1988, un décret [4], signé par Michel Rocard, autorise et règlemente la présence de thuyone (principale molécule de l’huile essentielle d’absinthe, présente dans la grande et la petite absinthe) dans les boissons et l’alimentation, ce qui permet techniquement de produire à nouveau de l’absinthe en France.
En 1999, la première absinthe française depuis 1915 est produite : la Versinthe verte, qui contient de la grande absinthe.
Son apparition et son étiquetage (absinthe) met en évidence un hiatus entre le décret européen de 1988 et l’interdiction de l’absinthe en France de 1915 toujours en vigueur. Plutôt que d’abolir cette loi, le gouvernement pare au plus pressé en votant un aménagement du décret et en attribuant une nouvelle appellation légale à l’absinthe : « spiritueux aromatisé à la plante d’absinthe » et en complétant la règlementation européenne, 35 mg/l de thuyone au maximum, d’un taux de fenchone et de pinocamphone à ne pas dépasser, respectivement 5 mg/l et 10 mg/l.
Depuis le 1er mars 2005, la distillation de l’absinthe est à nouveau autorisée en Suisse, afin de pouvoir demander une AOC et ainsi protéger l’appellation (à condition, entre autres, que la teneur en thuyone ne dépasse pas 35 mg/l). Elle est notamment de nouveau fabriquée au Val-de-Travers (région de Suisse romande) berceau de l’absinthe, dans plus d’une douzaine de distilleries.
En 1999, au Brésil, la production a été reprise par l’entrepreneur Lalo Zanini et légalisé dans la même année, mais a dû s’adapter à la loi brésilienne, avec une teneur en alcool au maximum de 54°.
En France, la liqueur d’absinthe, comme autrefois, titre entre 45° et 90°.
Elle est produite notamment dans les distilleries de Fougerolles en Haute-Saône, à Pontarlier dans le Doubs, ville dont elle fit la richesse jusqu’à l’interdiction de 1915, et à Saumur par la distillerie Combier. On trouve aussi deux distilleries en Provence.
L’Absinthe inspira les poètes Verlaine, Rimbaud, Baudelaire, Oscar Wilde, Edgar Poe...
Les peintres Manet, Degas, Van Gogh, Toulouse-Lautrec, Picasso...
Tous ces artistes étaient célèbres pour leurs œuvres, mais aussi pour leur train de vie (certains verseront dans la folie, ce qui apportera des arguments à ceux qui dénonçaient la malfaisance de l’absinthe).
De nombreuses œuvres sont marquées de l’empreinte de la « Fée verte », en voici quelques exemples :
|
|
|
|
|
On peut faire de l’absinthe une boisson aux vertus particulières capable de susciter l’imagination et l’inspiration, mais prétendre que Verlaine, Van Gogh et les autres doivent leur inspiration et leur génie à l’absinthe, n’est-il pas faire outrage à leur talent ?
Ce sont de véritables œuvres d’art, souvent signées par de grands dessinateurs.
Dans le texte de l’Apocalypse selon Saint Jean dans le Nouveau Testament, Absinthe est le nom de la météorite qui s’écrase sur Terre et qui empoisonne les sources et cours d’eau.
“[…]Le troisième ange sonna de la trompette. Et il tomba du ciel une grande étoile ardente comme un flambeau ; et elle tomba sur le tiers des fleuves et sur les sources des eaux. Le nom de cette étoile est Absinthe ; et le tiers des eaux fut changé en absinthe, et beaucoup d’hommes moururent par les eaux, parce qu’elles étaient devenues amères.[…] ” Apocalypse 8 verset 10 et 11, version Louis Segond - 1910 |
|
Le dimanche 11 août 1901 à midi, un violent orage s’abat sur Pontarlier, à 12h 20 la foudre frappe le dôme central de l’usine Pernod, l’embrasement est instantané.
L’Absinthe stockée en grande quantité risque de provoquer des explosions et l’incendie risque de se propager dans Pontarlier. Un employé de l’usine a la bonne idée de vider les cuves d’alcool et d’absinthe dans le Doubs pour éviter qu’elles n’explosent. Le Doubs devint alors un lieu de dégustation gratuite : on raconte que des personnes plongèrent pour boire cet apéritif tombé du ciel au risque de se noyer et que des soldats en garnison à Pontarlier remplissaient leur casque de ce breuvage. Deux jours plus tard, c’est la Loue à sa source qui prend cette teinte opalescente verte, et qui dégage cette odeur caractéristique de l’absinthe, mettant ainsi en évidence que la Loue est une résurgence du Doubs. Cet évènement est la première coloration de l’histoire de l’hydrologie. |
|
A la fin du XIXe siècle, il n’y avait pas moins de 65 distilleries dans la région parisienne, 52 à Bordeaux, 45 à Marseille, 18 à Lyon et 12 à Dijon.
Il existait ainsi près d’un millier de marques d’absinthe différentes. |
|
De nombreux artisans chocolatiers multiplient les expériences avec l’absinthe.
M. Pfaadt proposa alors ainsi des chocolats en forme de sein de la Fée verte. Original et délicieux ! |
|
Les jeunes mariés n’étaient autrefois jamais envoyés au lit sans qu’auparavant quelques rameaux d’absinthe n’ait été glissés dans leur couche.
C’est, paraît-il, l’herbe aux prouesses ! |
|
En 1914, l’absinthe fit les frais d’un magistral pot-de-vin.
Forts de vendanges exceptionnelles, les vignerons offrirent 200 000 litres de vin aux soldats, au titre de l’effort de guerre, et en contrepartie de la prohibition de l’absinthe. |
|
En 1915, suite à la prohibition de l’absinthe en France, l’usine Pernod Fils est réquisitionnée et transformée en hôpital militaire.
Les blessés sont alors couchés sur les caisses d’absinthe ! |
|
Une fois fractionnée en miette, l’Artemisa absinthium (la grande absinthe) remplace agréablement le tabac dans les cigarettes à rouler.
Lors des deux dernières guerres mondiales, ce fut même le tabac « naturel » le plus prisé des militaires. |
|
Le nom de la ville de Tchernobyl signifie Armoise (« полынь » en russe), qui est le nom du genre dont la plante d’absinthe fait partie.
Les Ukrainiens disent que le nom de la ville fait référence à son apparence noire (tchernoziom) en été et blanche de neige en hiver. « Tcherno » vient de l’adjectif « чёрное » = noir, et « byl » de l’adjectif « белое » = blanc. |
|
Avec le retour et la libéralisation de l’absinthe aujourd’hui, de nombreux artisans ont recommencé à utiliser cet alcool, ou la plante, dans leurs produits.
On trouve entre autres : des chocolats, de la bière aromatisée, des saucissons, saucisses sèches et terrines, des biscuits, des liqueurs, des cosmétiques, de la crème glacée, des patisseries, etc. |
|
Week-end Absinthiades
A l’occasion des Absinthiades, le 1er week-end d’octobre, offrez-vous un séjour à Pontarlier, capitale de l’Absinthe, et découvrez l’histoire de cette mystérieuse Fée Verte. Durant trois jours, vous accédez à :
Office de tourisme de Pontarlier
|
[1] Un site en anglais construit autour de la thuyone.
[2] Les huiles essentielles sont solubles dans l’alcool et insolubles dans l’eau. C’est pourquoi l’ajout d’eau provoque le trouble de l’absinthe.
[3] Le rituel « Bohémien » : Ce n’est qu’en 1990, dans les discothèques tchèques, qu’un rituel où le sucre est brûlé est apparu, probablement pour attirer l’attention des clients (touristes ?) sur cet apéritif...
[4] Le décret du 8 novembre 1988 N° 88-1024.